Vivre de Jean-Marc Turine

par Magali  -  4 Juillet 2020, 08:35  -  #Mes lectures

Vivre de Jean-Marc Turine
Vivre de Jean-Marc Turine

Tout d’abord je voudrais remercier Babelio et Charlotte, des éditions de L’esperluete pour l’envoi de Vivre. Il s’agit de l’ouvrage que j’ai eu la chance de recevoir dans le cadre de l’opération masse critique non fiction du mois de juin. J’ai un avis mitigé après la lecture de ce livre qui mêle témoignages et récits fictifs.

 

Nous commençons par deux moments très forts :

Moi Joseph Spira est le témoignage d’un rescapé des camps de concentration de la seconde guerre mondiale. Jean-Marc Turine l’a enregistré puis a retranscrit son récit en en gardant les hésitations, les allez-retours, les silences de Joseph Spira ; tout cela est traduit dans la mise en page et la ponctuation : l’utilisation massive des points de suspension reproduit efficacement les temps de silence inhérents à un monologue ; c’est bien Joseph Spira qui nous parle. Beaucoup de choses ne sont que suggérées et cela suffit à donner une grande force au récit.

 

Un gaucher dit nous livre le récit de Maurice Maréchal sur ses années passées en Indochine puis en Algérie. Engagé « volontaire » (par son beau-père), Maurice, qui refuse de porter une arme, se retrouve au milieu de la barbarie française. Ce refus d’être armée lui vaudra quelques « désagréments ». Ce témoignage m’a permis de découvrir une guerre que je connais très mal (guerre d’Indochine) et le barbarisme qui en découle. Il n’y a pas de guerre propre.

J’ai été, là aussi, happée par la force du récit. S’agissant d’une transcription d’enregistrements, le mode d’écriture est identique à Moi Joseph Spira.

 

J’ai été plutôt déçue par les deux récits suivants ; il faut dire que les témoignages étaient d’une si grande force qu’un récit « non vécu »ne pouvait pas être d’égale intensité émotionnelle.

Brûlures se veut être la voix de Lien, « victime  collatérale » ou plutôt victime à part entière des bombardements de dioxine subits par son père lors de la guerre du Vietnam. Cette jeune femme, prisonnière de son corps dit ses impressions, ses ressentis. Je n’ai pas aimé. Les pensées de Lien sont douces dans la douleurs, poétiques, mais n’ont rien de véridiques « Je suis de cette terre de ces fleuves sans l’être comme tu es je suis de toutes les moissons de toutes les cueillettes de fruits à l’heure des saisons ». Il n’y a que de l’imaginaire et pas de ressenti, du poétique et du supputé et pas de vécu. L’absence de ponctuation renforce, selon moi le côté artificiel de ce récit qui voudrait nous faire croire que la souffrance quotidienne engendre la poésie.

 

Les chants d’Anjouan est pour moi, une histoire. Nous sommes à Mayotte, le récit est ponctué du calendrier politique qui régit le statut de cette île, territoire d’outre-mer (département aujourd’hui) faisant partie de l’archipel des Comores. Il y a cinq enfants.. et la vie sur l’île. J’ai été totalement hermétique à cette histoire qui, selon moi, détonne, comme le récit précédent.

 

J’ai donc un avis mitigé sur Vivre mais les témoignages de Joseph Spira et de Maurice Maréchal sont d’une telle force qu’ils méritent à eux seuls que l’on lise ce livre.

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